Comment faciliter la transition du carbone fossile au carbone renouvelable dans le secteur de la chimie et des matériaux ?

15.04.2024
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Dans le cadre d'une vaste enquête menée auprès de ses membres, la Renewable Carbon Initiative (RCI) a recueilli des idées et des opinions sur ce qui est nécessaire pour faciliter cette transition en Europe. Les résultats de l'enquête dressent un tableau clair et appellent à l'action.

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Le secteur européen des produits chimiques et des matériaux est sous pression et les membres de la RCI, qui représentent une vaste partie de ce secteur, voient de nombreux éléments communs dans les principaux défis et la manière de les relever. Les prix élevés de l'énergie et des matières premières, ainsi que la nécessité de défossiliser la demande de carbone pour atteindre les objectifs en matière d'émissions de CO2, en particulier les émissions dites « Scope 3 », sont quelques-uns des sujets fréquemment soulevés.

Le principal défi actuel est qu’il n'existe pas de politique visant à encourager l’utilisation des matières premières renouvelables au lieu des matières premières fossiles pour les produits chimiques et les plastiques. Les membres de la RCI demandent donc instamment aux responsables politiques d'élaborer un cadre réglementaire approprié pour promouvoir l'utilisation du carbone renouvelable, au-delà des carburants, et d'inclure des mesures au niveau des matières premières et des polymères. Pour favoriser cette transition, l'utilisation de matières premières non fossiles doit être rendue attrayante pour les producteurs et les consommateurs.

En ce qui concerne les produits chimiques et les matériaux dérivés, l'Union européenne (UE) gère principalement ce secteur par le biais de politiques restrictives, par exemple via REACH ou la directive sur les plastiques à usage unique. Mais ces politiques ne sont guère un outil viable pour permettre des stratégies de transformation, orienter le développement vers des objectifs à long terme et promouvoir l'innovation/l'adoption du carbone renouvelable. L'UE devrait étudier et considérer des politiques plus incitatives comme outil pour guider cette transition. Cela pourrait accélérer considérablement la transformation vers le carbone renouvelable, peut-être comme c'est le cas actuellement aux États-Unis avec un soutien clair à la captation du carbone et aux plastiques biosourcés par le biais de réglementations. La RCI estime que l'approche politique actuelle dans l’UE, qui est actuellement davantage axée sur la restriction des technologies non souhaitées ou non éprouvées, devrait être adaptée pour créer un cadre plus favorable aux nouvelles technologies et solutions pour l'industrie chimique. L’important est de mettre en place des réglementations qui permettent et facilitent au lieu de réglementations qui visent à interdire et restreindre.

L'Europe dispose d'atouts évidents et est connue pour la richesse de son paysage éducatif, sa diversité culturelle et son infrastructure avancée, qui comprend des chaînes d'approvisionnement durables et des cadres réglementaires bien établis. Dans de nombreux secteurs technologiques, l'Europe occupe toujours une position de premier plan, mais les ÉtatsUnis, la Chine, l'Inde et d'autres pays se développent rapidement et l'Europe ne peut pas se permettre de rester en arrière. Avec les bonnes incitations, le changement peut se produire dans un laps de temps relativement court et compte tenu de l'état d'esprit de l'industrie et de la population européennes en matière de durabilité, les mesures visant à promouvoir des solutions plus durables pourraient bénéficier d'un large soutien. Des sociétés transparentes et résilientes constituent une base solide pour une économie fondée sur le carbone renouvelable.

Les membres de la RCI ont identifié plusieurs instruments et mesures concrets pour améliorer le cadre économique permettant à l'industrie européenne des produits chimiques et des matériaux de devenir un secteur innovant, fort, compétitif et durable.

Les nouvelles technologies nécessitent de nouveaux investissements et, en particulier lorsque les économies d'échelle ne sont pas encore disponibles, ne peuvent pas encore concurrencer directement les systèmes fossiles établis qui ont été optimisés pendant des décennies. C'est pourquoi des mesures politiques sont nécessaires pour assurer la transition et pour réduire ou éliminer les subventions énormes et constantes accordées aux produits fossiles. Certains membres de la RCI ont même proposé l'introduction d'une taxe sur le carbone fossile pour l'industrie chimique.

De nombreux membres de la RCI suggèrent d'instaurer des quotas minimaux pour la teneur en carbone renouvelable dans les différents secteurs d'application, en combinant ou en séparant les quotas pour le recyclage, la teneur en carbone biosourcé et la teneur en carbone capté. De tels quotas ont été et sont toujours utilisés avec succès pour le secteur de la bioénergie/des biocarburants dans la directive sur les énergies renouvelables. Ainsi, l'extension de ce concept aux produits chimiques et aux matériaux pourrait être bénéfique pour ce secteur également. La création d'une demande de carbone renouvelable par le biais d’un cadre politique favorable entraînera des investissements rapides. D'autres propositions ont appelé à la mise en place d'un mécanisme approprié de comptabilisation du carbone, à l'ajustement des émissions de CO2 aux frontières et à une preuve vérifiée de la production durable, autant d'éléments qui pourraient faire la différence pour les produits à base de carbone fossile, en particulier pour les importations. La responsabilité élargie des producteurs (REP) pourrait être une autre occasion de soutenir la transition vers le carbone renouvelable, en particulier si les émissions « scope 3 » sont incluses dans la comptabilisation des émissions. 

Les méthodes d'évaluation actuelles et les restrictions imposées aux matières premières basées sur le carbone durable constituent un autre obstacle important à la réalisation des volumes requis. Dans le cas de la biomasse, il s'agit du manque d'acceptation des cultures vivrières et fourragères en tant qu'option durable ; dans le cas du CO2 capté et transformé, l'accent mis sur les sources ponctuelles biogéniques et le manque actuel de reconnaissance en tant que technologie clé stratégique pour un taux net zéro est un obstacle; et enfin, dans le cas du recyclage, le frein principal est le manque actuel d'acceptation du recyclage chimique en tant que technologie clé pour compléter le recyclage mécanique.

Ce n'est qu'en combinant les trois piliers que sont la biomasse alimentaire et non alimentaire, le CO2 capté à partir de sources biogéniques et de sources fossiles restantes, et le recyclage mécanique et chimique que nous pourrons fermer complètement notre cycle du carbone. Pour tous les secteurs de production, l'approvisionnement en énergie verte à des prix abordables (au niveau industriel) et compétitifs (au niveau international) est crucial. L'énergie solaire et éolienne ainsi que l'hydrogène vert devraient être massivement développés.

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