En simplifiant une réaction chimique fréquemment utilisée, des scientifiques de l’Université d’Ottawa ouvrent de nouvelles avenues de fabrication
Cette recherche porteuse devrait notamment permettre aux industries pharmaceutiques et agrochimiques de former de précieuses liaisons carbone-carbone
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Cette nouvelle méthode pour déclencher la réaction, comme l’arylation désoxygénante d’alcools aliphatiques par couplage de Suzuki-Miyaura, a recours à deux catalyseurs métalliques distincts. La réaction s’effectue dans des conditions douces et génère très peu de déchets. On s’attend ainsi à ce qu’elle ait une incidence importante sur la création de nouvelles molécules et, par conséquent, qu’elle contribue à des percées dans les industries pharmaceutiques et agrochimiques, et d’autres secteurs connexes.
L’étude a été menée dans le Laboratoire Newman de l’Université d’Ottawa, sous la supervision de Stephen G. Newman, professeur agrégé de chimie et de sciences biomoléculaires à la Faculté des sciences et titulaire d’une chaire de recherche du Canada de niveau 2 en catalyse durable. L’auteur principal de l’article présentant la recherche est Adam Cook, doctorant de cinquième année, assisté de Piers St-Onge, doctorant de troisième année.
« Cette réaction chimique – que nous avons conçue dans les installations à haut débit du Centre de recherche et d’innovation en catalyse de l’Université d’Ottawa – élimine certaines des limites connues de la réaction de Suzuki-Miyaura en offrant une méthode étonnamment simple pour procéder directement à la dérivation d’une vaste gamme d’alcools. Si ces molécules servent de matériaux de départ plutôt que les halocarbures habituels, la réaction génère de l’eau comme déchet, et non des halogénures métalliques. Non seulement cette réaction permet de générer efficacement des structures complexes et pertinentes sur le plan médical à partir de matériaux accessibles, mais elle contribue également au développement fondamental des moyens de transformer les matières premières chimiques en matériaux d’importance grâce à la catalyse », explique Adam Cook.
Les techniques actuellement employées pour déclencher un couplage de Suzuki-Miyaura, une des réactions chimiques les plus utilisées dans le monde, comportent de nombreuses étapes pour synthétiser les matériaux de départ. En mettant au point une méthode permettant l’utilisation directe d’alcools naturellement abondants lors de la transformation, « nous éliminons ces étapes de synthèse chronophages qui génèrent beaucoup de déchets et simplifions donc le processus de création de produits à valeur ajoutée. En cours de route, nous avons aussi pu soulever une hypothèse mécaniste unique, en ayant recours à des réactions de couplage croisé qui utilisent des méthodes de type SN1 », affirme M. Cook.
L’équipe de recherche s’est penchée sur un sujet jusqu’alors inexploré en chimie synthétique; elle espère que ces travaux sauront inspirer d’autres scientifiques. « Quel que soit le degré de singularité d’une hypothèse, l’expérimentation à haut débit aide à tirer des conclusions rapidement et de façon exhaustive », statue M. Cook.
En exploitant la grande puissance de cette nouvelle technique, les scientifiques peuvent maintenant créer nombre d’alcools arylés avec plus d’efficience et de précision qu’auparavant.